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ITW - DOMINIQUE NATO: " LA TÉLÉ DE PAPA A VÉCU, PLACE AU NUMÉRIQUE! "

Dernière mise à jour : 12 janv. 2022

Dominique Nato, président de la Fédération Française de Boxe, nous a accordé un entretien des plus délicieux. En entrée, la crise liée au covid suivi d'un plat relevé sur l'organisation des galas avec l'émergence de nouveaux moyens techniques et humain, et pour terminer, la cerise sur le gâteau: les JO 2024. Bonne dégustation.


Comment la Fédération Française de Boxe fait-elle pour s’organiser face au regain sans précédent de l’épidémie ?


« Il y’a des directives qui sont prises par le gouvernement, et qui par la suite évoluent. Pour vous répondre simplement, nous faisons en fonction des décisions gouvernementales. La Fédération française de boxe est régie par la loi de 1901 sur les associations, nous sommes des délégataires de l’Etat, on ne fait qu’appliquer les décisions, même si parfois c’est dur.


Après, à titre personnel, je pense que le fait d’être vacciné permet un retour quasi normal. Mais comme tout le monde en ce moment, nous sommes dans l’attente. Pour autant, cela ne nous empêche pas d’être actifs sur le court et le long terme, même si on doit tout gérer et s’adapter continuellement.


La soirée à Bercy pour le choc Yoka/Bakole, est le parfait exemple. Annulé du jour au lendemain par l’instauration d’une jauge. Ce week-end, pour les premiers championnats amateurs de MMA (discipline associée à la FFB), il n’y avait pas de public. Contrairement aux championnats de France amateurs de boxe anglaise organisés par Malamine Koné le dernier week-end de novembre 2021, un semblant de retour à la normal vite oublié.


En parlant de Malamine Koné, promoteur historique du retour de la boxe à l’aube des excellents résultats des JO 2016, et aujourd’hui muet, comment expliquez qu’on ne voit pratiquement plus de boxe à la télévision ?


Concernant Malamine Koné, il n’est plus dans le paysage de la boxe après son contrat qui n’a pas été renouvelé par Canal +, diffuseur historique de la boxe en France. Il est vrai qu’il avait organisé de magnifiques galas, et son retour en novembre dernier a été salué. Il a pu organiser les championnats de France amateurs de boxe anglaise en remportant les enchères en 2020. Mais le covid est passé par là, mais il a confirmé sa volonté d’organiser ceux de cette année, en guise de rattrapage. Tout ce que je sais pour la suite, c’est que Malamine Koné n’a pas repris de licence de promoteur, affaire à suivre.


Et pour répondre simplement à votre question sur l’intérêt de plus en plus faible des diffuseurs quant à notre sport, je le déplore tout simplement. Mais il est trop facile ne pas dire pourquoi, car il y’a une raison. Le problème reste le produit : l’incertitude c’est la base, aujourd’hui nombreux sont les boxeurs qui affrontent des géorgiens qui enfilent les défaites comme des perles. Les fans de boxent allument timidement leur télé, et se déplacent avec moins d'envie en connaissant déjà le résultat à l'avance.


Autre point explicatif, les faibles audiences dues au fait que la génération actuelle fan de boxe ne regardent plus forcément les combats en direct, plus en streaming/replay et sur des plateformes de diffusion en ligne. La télé de papa a vécu je pense, je l’ai davantage compris en me rendant au SPORTEL Awards de Monaco, avec la présentation de travaux média axés sur une transition bluffante vers le numérique, avec notamment FightNation.


En plus d’une transition vers le numérique, comment faire pour qu’il y’ait plus de promoteurs de gala ? Ne faudrait-il pas compter sur le travail actuel des clubs privés qui organisent déjà en petit comité ?


« Effectivement, on réfléchit à des passerelles entre clubs privés et associations. Nous cherchons à pallier au manque de transition entre la boxe éducative et amateur en compétition. L’idée serait de mettre en place une compétition intermédiaire, le Light boxing, régit par la réglementation de la boxe amateur. Une conception nouvelle qui se développe beaucoup dans les clubs privés, c'est de l'opposition appuyée sans recherche du KO.


L’idée a déjà existé sous un autre nom, celui de pré-combat, mais complètement galvaudé faute d’un mauvais encadrement, ça terminait systématiquement en boxe amateur, donc inutile. Nous visons une application de ce nouveau concept en septembre 2022.


Il faut qu’on puisse organiser davantage de galas de boxe, nombreuses sont les personnes désireuses de monter sur le ring. Il faut également qu'on fasse en sorte que certaines personnes cessent de croire que c’est donné à tout le monde d’organiser des combats. Il y’a des conditions à remplir pour que la soirée soit légale, et soit reconnue par la FFB. En ce moment, il y’a des compétitions de boxe inter-quartiers, et c’est très dangereux : la plupart des boxeurs ne sont pas licenciés donc non couverts en cas d’accidents, aucun médecin n’est sur place, tout comme l’absence de personnels de la Sécurité civile vu que c’est illégal. A ce titre, j’ai alerté le ministère pour qu’il mette un terme à ces soirées.


Impossible de terminer cet entretien sans vous discuter avec vous des Jeux Olympiques qui se dérouleront à Paris en 2024. Ça doit être à la fois très excitant mais aussi être une charge de travail colossale ?


Les JO, sont une des raisons de ma candidature. Vivre ceux de 2024, pour avoir partagé une partie de ma vie en tant que boxeur, et entraîneur (on se rappelle du titre olympique gagné par son boxeur Brahim Asloum à Sydney en 2000), et avoir ensuite passé tous les niveaux dans l’administration de la FFB, l’idée était de terminer en beauté. Durant ma carrière extra-sportive, en dehors du ring, j’ai déjà eu différents degrés d’implications dans six projets olympiques. Organiser le déroulé de la boxe olympique sur notre sol, au Stade Roland Garros, est un travail de longue haleine. Mais nous ne sommes pas seuls, nous travaillons en étroite collaboration avec l’Agence Nationale du Sport, et le Comité Organisateur des Jeux-Olympiques (COJO).


Sur le plan sportif, nous sommes regonflés à bloc après la désillusion de Tokyo, grâce à Sofiane Oumiha, et son doublé mondial historique en novembre 2021. Notre nouveau Directeur Technique National, Mehdi Nichane, est la personne qu’il nous fallait, je suis ravi de l’avoir nommé à ce poste. Dans quelques mois, les Championnats du Monde féminin et d’Europe masculin auront lieu, on va de nouveau pouvoir s’exprimer à pleins poumons.


En 2023, si les pros veulent faire les JO (6 catégories chez les femmes, 7 chez les hommes), il faudra qu’ils adoptent totalement le mode de vie des boxeurs amateurs : ils devront se consacrer entièrement à la préparation et ensuite aux qualifications, les deux sont indissociables. A partir de juin 2023, ils devront se positionner et mettre temporairement de côté leur carrière professionnelle.

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