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JOE FRAZIER : LE PHILLY…ANTHROPE DE PHILADELPHIE

Joe Frazier issu d’une grande fraterie et amoureux du noble art ne pouvait pas mieux choisir comme ville pour s’installer que Philadelphie, surnommée Philly, la ville de de l’amour fraternel. Jusqu’à son dernier souffle, il aura fait honneur à la réputation de sa ville d’adoption.


Lorsqu’on pense à Philadelphie, nous avons immédiatement en tête le film éponyme immortalisé par la chanson du Boss, Bruce Springsteen, à Rocky Balboa, au crooner Teddy Pendergrass, aux Boyz II Men ou encore au rappeur-acteur Will Smith. Celui auquel je pense au moment où je trempe ma plume dans l’encrier ne fit pas tourner la tête de jolies filles à renforts de diverses mélodies et chants d’amour, ni ne se distingua par sa science du jeu de mots et de la rime.


Non, celui auquel je fais référence s'imposa dans les chars du noble art avec aplomb de son solide crochet et imposa des mélodies gutturales qui firent leur entrée dans la tête de ses adversaires et des nombreux auditeurs derrière leur poste de radio. Je peux le dire, Joe Frazier est un véritable symbole de Philly qui bâtit sa légende avec sa sueur, ses larmes et son sang et ce n’est rien que de le dire. Vous allez (re)découvrir pourquoi.


AMATEUR D’UN CROCHET ATYPIQUE (PRO)METTEUR


12e enfant issu d’une famille de fermiers du fin fond de la Caroline du Sud. Le jeune Joseph est bâti comme un bœuf, il est en plus un bagarreur affirmé. Conscient de ses qualités d’anesthésiste hors-pair, ses camarades de classe lui payaient volontiers un sandwich pour s’assurer sa sécurité avec ses deux lots de cinq stylos pour signature. Un accident survenu lors d'une situation cocasse est en partie à l’origine de son solide crochet du gauche. En effet après une course poursuite avec un cochon de 150 kilos, Joe chuta et se réceptionna mal en tombant sur une brique. Sa famille ne put lui payer un médecin, et il dut donc se faire soigner à domicile. Suite à cela, il ne pliera plus jamais son bras complètement, le contraignant à adopter une garde unique en son genre. Colérique et querelleur, pour le préserver des assauts des fachos fauchés spécialistes des nœuds de cravates aux arbres, sa mère lui conseilla de partir sur le champ. Frazier ne se fit pas prier et prit son envol pour Philly.


Guidé par des proches témoins de sa force samsonéenne, et par une passion grandissante pour la boxe, Joe se lança dans le circuit amateur avec fracas pour un bilan total de 38 victoires pour 2 défaites. Il remportera cinq années de suite les Golden Gloves, lui promettant un avenir radieux chez les pros. La carrière chez les pros de celui qu’on a immédiatement surnommé Smoking Frazier démarra sur les chapeaux de roues avec de nombreuses têtes rouées de coups finissant sur le sol froid du ring. Oscar Bonavena sera un des seuls à ne pas se faire rouler dessus, en obligeant Joe à prendre une autre direction que celle du KO en 1966. Et que dire du combat contre Chuvalo ? Ce boxeur réputé pour son menton de granite plus solide que le Rock(y) Marciano en personne. Joe remporta ce combat mais dans la douleur, je vous conseille de le visionner.


DANS L’OMBRE ET LA LUMIÈRE D’UN CERTAIN MUHAMMAD ALI


Peut-on parler de 2Pac sans Biggie ? Chirac sans Mitterrand ? Et de Frazier sans un certain Ali ? Bien que champion du monde, Smoking savait que pour se tailler sa part du lion et être considéré comme le véritable roi de la jungle pugilesque, il devait rhabiller Ali pour l’hiver et les 15 saisons du ring qui s’offraient à lui. Après un paquet de discussions, le combat tant attendu eu lieu. Frazier battit un boxeur handicapé par sa période d’inactivité, mais toujours aussi incisif selon les juges, et ce, après lui avoir fait goûter son terrible crochet.


Leur relation tumultueuse marquée par une rivalité sans précédent, des styles diamétralement opposés aussi bien sur le ring qu’en dehors, mais surtout leur trilogie font partie des pages marquantes de l’Histoire du noble art. Frazier mit fin à la série d’invincibilité du Greatest, après une période d’inactivité de trois ans pour avoir refusé de combattre au Vietnam. Cette opposition au gouvernement et à l’armée vaudra à Ali de perdre une partie de sa richesse pour le punir. Joe Frazier ira même jusqu’à aller frapper à la porte de la Maison Blanche pour intimer le président des States de l’époque, Reagan, de redonner à son meilleur ennemi, sa licence pour qu’il puisse le battre à nouveau. Ali se vengera par la suite à deux reprises. Leur ultime duel est considéré à ce jour comme étant le plus grand combat de tous les temps : Thrilla In Manilla. Dans des conditions extrêmes et hors de leurs contrées, les deux frères ennemis livreront un combat d’une rare intensité et d’une violence sans nom. Ali dira de Frazier qu’il fut le plus farouche opposant qui lui ait été donné d’affronter.


Malgré les années, la rancune aura raison de Frazier, las des humiliations répétées et des insultes d’Ali et motivé par la jalousie, il deviendra l’ennemi public numéro un des États-Unis suite à ses déclarations controversées lors de l’ouverture des JO d'Atlanta. Il déclara qu’il aurait souhaité voir Ali tomber dans les flammes. Fort heureusement, les deux rivaux se réconcilieront et Ali regrettera jusqu’à son dernier souffle ses insultes répétées à l’encontre du boxeur de Philadelphie. Il sera présent lors de son enterrement, le 7 novembre 2011.

ÉTERNELLEMENT APHILLYÉ À SA VILLE DE CŒUR


Le courage et l’abnégation de Frazier contribuèrent un peu plus à sa légende. Son charisme et son aura seront à l’origine de ce clin d’œil qui fait défiler une vie entière. Frazier est d’autant plus méritant qu'il combattit la majeure partie de sa carrière avec un seul œil. Il en perdit l’usage suite à un accident en 1974. Son influence au sein de son fief et son phillyanthropisme dépassèrent les frontières de la salle dans laquelle il entraînaient les petits et les grands. La scène mythique dans laquelle on voit Rocky gravir les escaliers donnant sur la façade sud du Philadelphia Museum of Art est directement inspirée des entraînements de Frazier. Tout comme celle où on aperçoit Rocky malmener des quartiers de viande dans une salle frigorifique. Pour l’anecdote, Frazier donnera quelques conseils sur le les lieux du tournage du film.


Dans l’ombre pugilistique d’Ali, Frazier n’en demeure pas moins une légende de la boxe d’autant plus qu'il parvint à se faire un nom à l’âge d’or de la catégorie-reine. Je voulais donc mettre dans la lumière ce grand artiste avec vos yeux pour projecteurs et ma plume légère pour phare.

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